L’ABA c’est quoi ?

Que veut dire ABA ? Qu’est-ce que l’ABA ? Qu’est-ce que ce n’est pas…

Très simple :

L’ABA c’est l’application de principes et lois scientifiques afin de créer ou modifier des comportements qui revêtent une importance sociale pour la personne et la société.

L’ABA ne s’applique pas qu’à l’autisme ! Il existe des professionnels spécialisés en ABA (mais encore très peu en France) qui aident des patients atteints de nombreuses pathologies (ex : addictions – TOC – dépression – schizophrénie etc.) ou des professionnels qui ne s’occupent pas directement de « pathologies » mais qui fournissent des aides pour la vie quotidienne (ex : gestion des comportements alimentaires – thérapies de couples ou familiales etc.).

L’ABA n’est pas non plus une « méthode » miracle ou innovante, ce n’est d’ailleurs pas du tout une « méthode » : c’est plutôt un cadre théorique et pratique qui oriente les professionnels dans leurs actions afin d’aider les patients. L’ABA existe depuis de nombreuses années mais ce n’est que récemment que les médias ont découvert son existence.

Les lettres A.B.A viennent de l’anglais « Applied Behavior Analysis », ce qui se traduit en français par différents termes : Analyse appliquée du comportement, Analyse comportementale appliquée, analyse du comportement appliquée etc.

Plus compliqué :

Une bonne définition de l’ABA, mais un peu plus compliquée, est celle de Baer, Wolf et Risley (1968) : « l’ABA est le processus d’application des principes du comportement à l’amélioration de comportements spécifiques et consiste simultanément à évaluer si les changements observés sont attribuables au processus d’application, et si oui, à quelle partie de ce processus. »

Un peu d’histoire :

L’analyse du comportement est la science qui étudie les comportements des organismes. Cette science est née au début du 20ème siècle et on considère que c’est John B. Watson qui a initié le changement de cap de la psychologie de l’époque, qui s’occupait alors quasiment exclusivement des ‘états de conscience’, des ‘images mentales’ et autres processus mentaux. Selon Watson (1913) : « Les objectifs [de la psychologie] sont la prédiction et le contrôle du comportement ». Ici, Watson place bien la psychologie comme une science, qui doit être capable de donner des prédictions quant à l’apparition ou pas de certains phénomènes (ici des comportements) et qui de plus doit être capable de les contrôler. Une des branches de l’analyse du comportement est l’analyse expérimentale du comportement qui, pour simplifier, consiste en la recherche et la mise en évidence, en laboratoire des principes guidant l’apparition des comportements des organismes.

Donc en fin de compte, l’analyse du comportement appliquée est la branche de l’analyse du comportement qui se préoccupe de la façon d’utiliser (d’appliquer) auprès de sujets humains les résultats obtenus en laboratoire, afin de comprendre et de modifier les comportements humains qui revêtent une importance sociale.

 

Baer, D. M., Wolf, M. M. & Risley, T. R. (1968). Some current dimensions of applied behavior analysis. Journal of Applied Behavior Analysis, 1, 91-97. (Disponible gratuitement ici)

Watson, J. B. (1913). Psychology as the behaviorist views it. Psychological Review, 20, 157-177.

Chapitre 1 – Au début, il y avait les comportements

Quand on parle d’ABA, on parle de façon scientifique. On s’attache à décrire et modifier des phénomènes observables, on parle de variables dépendantes et de variables indépendantes et évidemment de comportements. Ce que l’on va vouloir modifier, ce sont des comportements mais dans notre terminologie, des comportements c’est quoi ?

Les comportements sont les activités des organismes vivants, ce sont ce que les gens font, y compris la façon dont ils se déplacent, ce qu’ils disent, pensent et ressentent (Cooper, Heron, Heward, 2007, p.25). Les comportements ont une ou plusieurs dimensions, ils peuvent être observés, mesurés, décrits. Il est important de noter dès maintenant que des comportements sont des événements décrits de façon objective et lorsque l’on parlera de certains comportements nous voudrons qu’il y ait le moins possible de place à l’interprétation.

Définir des comportements

Vous lisez certainement ces pages parce que vous désirez modifier/enseigner des choses, des compétences, des aptitudes … donc des comportements ! Que ce soit rester silencieux en classe, faire des additions, s’habiller ou aller seul aux toilettes etc. Dans le domaine de l’ABA, nous allons devoir définir les comportements correctement pour plusieurs raisons.

Si la définition du comportement est vague ou peu précise, mon action sera elle aussi vague ou peu précise… Mais si mes objectifs sont clairs dès le départ, je saurai vers quoi je vais, je saurai à quel moment l’objectif est atteint, je saurai si les « choses changent » ou pas.

Egalement, si les comportements ne sont pas bien définis, si par exemple, on dit à une famille que leur enfant doit apprendre à « avoir confiance en lui » ou qu’on va lui enseigner à « s’intégrer dans le groupe-classe » (ce que font de nombreux professionnels), comment en tant que parent s’assurer qu’il paie ce professionnel pour quelque chose de concret ?

Mais si on dit aux parents que d’ici deux mois leur fils devra être capable de lever au moins 5 fois par semaine la main en classe pour répondre aux questions de l’instituteur, ne croyez-vous pas que chacun y gagnera ? Les parents car ils pourront s’assurer de l’efficacité de ce qui leur est proposé… le thérapeute car il pourra s’assurer rapidement de ne pas se tromper dans ce qu’il propose…et bien sûr l’enfant car il augmentera ses chances d’être félicité par l’instituteur et peut être de gagner une certaine reconnaissance de ses pairs!

Pour définir correctement un comportement il faut qu’il soit :

– observable (on peut le voir)

– mesurable (on peut le comptabiliser)

– spécifique (on peut fermer les yeux et se l’imaginer).

Note : entrainez-vous à parler de la façon la plus claire possible dans la vie de tous les jours, avec votre conjoint(e) ou petit(e) ami(e), avec vos enfants…vous verrez que de nombreux malentendus ou quiproquos peuvent être évités de cette façon.

Il faut faire la distinction entre comportement et réponse : une réponse est une occurence, une apparition d’un type ou d’une classe de comportement. Ex : mon objectif est d’augmenter les comportements de requêtes d’un enfant. Mais lorsque je travaille en séance avec lui, sur mes grilles de cotation, je note l’apparition de réponses. Dans le quotidien, on a tendance à utiliser le mot comportement alors qu’on fait référence à des réponses…

Mesurer des comportements

Il existe trois techniques pour mesurer les comportements : l’enregistrement automatique, l’enregistrement direct, et l’enregistrement par observation.

L’enregistrement automatique

Des systèmes enregistrent automatiquement le nombre, type, fréquence, latences etc. des réponses.

L’enregistrement direct

Dans ce type d’enregistrement, on va analyser les traces laissées par le comportement, par exemple le nombre perles enfilées sur un fil, le nombre de notes supérieures à 15/20 au bout d’un mois à l’école…

L’enregistrement par observation

On va observer le comportement et noter les différents aspects de celui-ci. On utilise cette méthode de mesure lorsque le comportement ne laisse pas de traces visibles. Il existe différentes façons d’enregistrer des comportements par observation, on peut ainsi :

– enregistrer sous la forme ABC, donc analyser les antécédents et les conséquences d’un comportement, notamment pour analyser les comportements à réduire. Cela permet de connaître les antécédents et les conséquences d’un comportements avant de préparer une intervention.

– enregistrer le nombre de comportements qui sont apparus, par exemple le nombre de fois où un enfant imite correctement un geste ou le nombre de fois où il va aux toilettes dans une durée de 24 heures.
On utilise cette technique dans le cas de réponses clairement discrètes, avec un début, une fin et une durée quasi identique.

– enregistrer la durée du comportement, pour ce faire, soit on note le début et la fin du comportement, soit on utilise un chronomètre qui nous indique la durée du comportement. Un autre type de durée est la latence, le temps écoulé entre un événement et le comportement, ce peut être par exemple, le temps écoulé entre le moment où je donne les instructions et le moment où l’enfant l’exécute.

– enregistrer par intervalle de temps.
On observe le comportement pendant une période de temps précise, divisée en intervalles courts (souvent 10 secondes). On indique l’occurrence ou la non-occurrence du comportement dans chaque intervalle. On peut enregistrer par intervalle complet (le comportement doit durer pendant la totalité de l’intervalle) ou par intervalle partiel (le comportement doit uniquement apparaitre pendant l’intervalle sans minimum de durée).

Cooper, J. O., Heron, T. E. & Heward W. L. (2007). Applied Behavior Analysis. Pearson Prentice Hall : USA.

Chapitre 2 – Les comportements sont liés à des stimuli

Un stimulus peut être défini comme un changement d’énergie qui affecte un organisme au travers de ses récepteurs ; un récepteur étant un organe qui converti des changements d’énergie en des influx nerveux (Michael, 2004). Il existe des récepteurs externes qui détectent les stimuli externes (longueurs d’ondes – pression etc.), des récepteurs internes qui sont sensibles aux stimuli venant des viscères et des récepteurs proprioceptifs qui rendent possibles les sensations kinesthésiques et vestibulaires.

Les stimuli peuvent être décrits de façon formelle (par leurs composantes physiques), de façon temporelle (en fonction de leur contexte temporel d’apparition) ou fonctionnellement (suivant leur effet sur le comportement) (Cooper, Heron & Heward, 2007).

Cooper, J. O., Heron, T. E. & Heward W. L. (2007). Applied Behavior Analysis. Pearson Prentice Hall : USA.

 

Michael, J. (2004). Concepts and Principles of Behavior Analysis. Association for Behavior Analysis International. Kalamazoo, MI : USA.

Chapitre 3 – Ce qui nous entoure et ce qui est en nous

 

Un organisme évolue dans un environnement, il n’évolue pas en dehors des événements qui se passent autour de lui. C’est cet environnement, constitué de nombreux stimuli qui va (en grande partie) contrôler les comportements d’un organisme.

Lorsque l’on modifie des comportements, on ne modifie pas uniquement des comportements isolés, ce que l’on modifie ce sont des relations comportement-environnement.

Dans cette perspective, on peut dire que l’ABA entretient des rapports étroits avec les théories évolutionnistes. Selon ces théories, des comportements sont transmis de génération en génération car ils ont un intérêt pour les individus d’une espèce. Selon les principes de l’ABA (et selon de suffisamment nombreux résultats scientifiques) une relation environnement-comportement se maintien, perdure dans le temps et/ou dans l’espace car elle a un intérêt pour l’individu, car elle a une fonction.