Apprendre à communiquer

 Les comportements verbaux sont des comportements renforcés par la médiatisation, par l’intermédiaire, d’autrui. Alors, lorsque l’on parle de langage, et spécialement en rapport avec l’autisme, il faut dire que l’utilisation de moyens alternatifs comme le PECS ou les signes ne semble pas empêcher les enfants de développer le langage vocal et même peut aider à son émergence.

Il est primordial d’encourager dès que possible la communication avec autrui et cela peut être fait en utilisant des moyens alternatifs. Cela est d’autant vrai que de nombreux comportements inappropriés (colères – autoagression etc.) ont une fonction de communication et vont, s’ils sont remplacés par des comportements appropriés, diminuer rapidement.

Pour mettre en place des environnements favorables à des interventions visant le langage, on peut suivre quelques conseils. (1) Il faut bien connaitre et savoir appliquer la classification fonctionnelle du langage de Skinner et les principes de l’ABA (par exemple savoir comment/quand renforcer un comportement, commen façonner un comportement etc.). (2) Utiliser un curriculum progressif nous indiquant un ordre des objectifs à atteindre, comme l’ABLLS-R. (3) Arranger l’environnement de la personne (et nos propres comportements) de sorte que l’on incite l’apparition des comportements verbaux ; par exemple faire en sorte que les choses appréciées (renforçateurs) ne soient pas en « libre accès » mais que l’enfait doive nous demander pour les obtenir, par exemple, créer des situations inhabituelles ou étonnantes pour inciter l’enfant à émettre des commentaires.

Frost & Bondy (2002) présentent ce qu’ils appellent les 9 aptitudes essentielles de communication. Nous allons ici voir les aspects liés à la communication. Les aspects liés à la compréhension de l’environnement sont présentés dans la partie correspondante.

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Demander des renforçateurs : une des premières choses à enseigner à un enfant ! Quel que soit le moyen de demander (vocal – pointage – PECS – signes….)

Demander de l’aide : ceci permet à un enfant de savoir qu’il peut, s’il se retrouve dans une situation difficile avoir votre assistance, plutôt que, par exemple, jeter le matériel.

Demander une pause : idem que pour l’aide, mais l’enfant demande à rester un peu seul ou faire autre chose. Attention, une pause n’est pas un moment où l’enfant a accès à de forts renforçateurs.

Rejeter : savoir donner son avis si l’on désire manger telle ou telle chose, si l’on désire aller voir telle personne. Attention à votre façon de présenter les instructions, si vous donnez le choix à l’enfant (« tu veux travailler? ») et qu’il sait vous dire « non », vous devrez respecter sa décision !! puisque vous avez pris la décision de lui donner le choix !

Accepter : ceci est notamment important pour les comportements sociaux.

Frost, L. & Bondy, A. (2002).The Picture Exchange Communication System Training Manual. Cherry Hill, NJ : Pyramid Educational Consultants, Inc.

Comportements sociaux

L’augmentation des compétences sociales est également un point qui revient régulièrement lorsque l’on parle d’autisme. Il est vrai que grand nombre de ces enfants paraissent insensibles à la présence d’autrui, ou ne se soucient que très peu de cette présence. Il est important de se demander ce qui, pour des enfants typiques, renforce les comportements sociaux car c’est ce qui va nous permettre de proposer des exercices spécifiques pour les personnes atteintes d’autisme. Si ce qui renforce « habituellement » les comportements chez des enfants typiques n’est pas renforçant pour l’enfant avec autisme, il faudra utiliser d’autres renforçateurs avant de progressivement se déplacer vers des contingences plus naturelles.

Comme pour le langage, il est plus qu’utile de se munir d’un curriculum type VB-MAPP pour nous aider à évaluer le niveau de l’enfant et décider des priorités pour ce domaine en particulier.

Un des premiers comportements sociaux apparaissant chez les très jeunes enfants (ne parlant pas encore) consiste en le fait, si les deux enfants sont placés dans la même pièce avec des jouets en deux exemplaires, de prendre le même objet que le pair. Il semblerait que ce comportement imitatif puisse jouer un rôle dans les comportements sociaux, ce qui doit nous encourager dans des programmes ABA à travailler l’imitation spontanée et pas seulement l’imitation sur consigne (évidemment ce n’est pas la seule raison pour travailler l’imitation spontanée!).

Les comportements sociaux sont également renforcés par le fait de recevoir quelque chose de tangible, comme lorsqu’un enfant donne à un autre un jouet. Il faut donc s’assurer que ce comportement est présent chez les enfants dont on s’occupe. Cela peut commencer par le fait que l’enfant accepte de recevoir des renforçateurs de la part d’autres personnes que les personnes habituelles.

Une remarque valable dans tous les cas : le fait, comme pour les comportements verbaux, que les activités / renforçateurs préférés de l’enfant ne soient pas en libre accès permet d’augmenter l’attractivité du monde social car l’enfant est obligé de passer par ce monde social pour obtenir ce qu’il désire. Ainsi, les personnes de l’environnement, par association avec l’obtention de renforçateurs deviennent elles-mêmes des renforçateurs !

Lorsque l’enfant accepte les objets donnés par autrui, il faut aussi qu’il puisse se déplacer pour aller les chercher. Il doit pouvoir regarder les membres de son environnement social, suivre des instructions données par d’autres, imiter des enfants, accepter d’être proche d’eux. Ensuite, il doit pouvoir s’engager dans des jeux avec eux et cela très souvent demande un entrainement spécifique, par exemple au « bureau » avant de pouvoir généraliser ces compétences à des environnements plus complexes.

Une compétence importante à travailler également consiste en le respect des alternances de tour (« à toi …à moi …etc. »). Le fait que l’on travaille en paralèlle sur le langage, va permettre à l’enfant d’être plus efficace dans ses comportements sociaux et bien évidemment la spontanéité des commentaires et demandes est hautement désirée. Enfin, une dernière idée si vous voulez augmenter les compétences de jeu d’enfants avec autisme (mais tout ce qui est présenté n’est évidemment pas du tout exhaustif), c’est de viser tout ce qui consiste en du jeu symbolique (utiliser le jeu à d’autres fins que ce pour quoi il est prévu), c’est à travailler si l’enfant à déjà un niveau de compréhension du langage et de jeu simple lui permettant de jouer tout seul et de bien comprendre de nombreuses instructions.

Compréhension de l’environnement

Frost et Bondy (2002) présentent les 9 aptitudes essentielles à la communication. Parmi celles-ci, certaines sont orientées vers la compréhension de l’environnement.

Suivre les consignes : évidemment, sans suivi de consignes, le travail avec l’enfant sera quasiment impossible et la qualité du quotidien de la famille en sera grandement altéré

Faire les transistions entre activités : un transition est un moment, pour absolument tous les enfants, propice à l’apparition de nombreux comportements inadaptés comme courir dans les couloirs de l’école, parler fort etc. Pour les enfants atteints d’autisme, cela est d’autant plus difficile que souvent leur compréhension du langage ne leur permet pas de savoir exactement ce qui est en train de ou va se passer. L’utilisation de supports visuels peut être efficace, mais comme tout support visuel, on doit estomper son utilisation dès que possible.

Suivre un emploi du temps : là aussi, on peut commencer par du visuel, mais il faut absolument estomper ce genre de systèmes. Nous avons quasiment tous des supports pour savoir comment est organisée la journée (agenda / pocket PC etc.) mais nous devons aussi savoir en être indépendants, par exemple en le regardant au début de la journée et en mémorisant les événements à venir.

Frost, L. & Bondy, A. (2002).The Picture Exchange Communication System Training Manual. Cherry Hill, NJ : Pyramid Educational Consultants, Inc.

Réduction des comportements répétitifs

Commençons par un exemple qui permettra de comprendre une nuance très importante, entre  stéréotypie et autostimulation.

Imaginons un comportement répétitif, stéréotypé : faire tourner des objets sur le sol (c’est la forme du comportement, il se répète régulièrement). Mais la fonction de ce comportement peut être très différente ! Pour certains enfants cela peut être pour que l’on vienne s’intéresser à lui (recherche d’attention), pour d’autres cela peut être pour éviter de faire des exercices (échappement / évitement), et pour d’autres enfin cela peut être pour créer des stimulations visuelles. Ce n’est QUE dans ce dernier cas que l’on peut parler de comportement d’autostimulation.

Cette distinction est très importante car selon la fonction (autostimulation, recherche d’attention etc.) d’un comportement, la procédure sera différente.

 

Les comportements répétitifs/stéréotypés peuvent être envahissants ou non. Dans tous les cas, le fait de réduire durablement ces comportements ne peut se faire que si l’on a « autre chose » à proposer aux enfants. En effet, ils ont développé certains modes de relations avec leur environnement (et notamment avec les objets de cet environnement), ils ont développé certains « jeux » très personnels et tout comme vous n’aimeriez pas que l’on supprime des sources de stimulation de votre environnement (pensez à l’état dans lequel vous vous trouvez lorsque votre connexion Internet ou télévision tombe en panne), on ne peut pas supprimer ces sources de stimulation de l’environnement des enfants sans leur donner accès à d’autres sources de stimulation.

Si on veut supprimer un comportement répétitif d’un certain genre et qu’on ne « propose » rien d’autre aux enfants, on peut être certains que soit le comportement ne diminuera pas ou que les enfants trouveront d’eux-mêmes un autre comportement pour « remplacer » le précédent.

Il ne faut donc pas envisager de les supprimer !

Ces comportements peuvent dans certains cas n’être autorisés que dans certains lieux ou à certaines heures, cependant, je pense que si cela est possible il vaut mieux les supprimer totalement. Ceci car les moments où les personnes s’engagent dans des comportements répétitifs sont des moments pendant lesquels ils pourraient s’engager dans des comportements plus typiques et plus « enrichissants » (jeux – interactions sociales – activités artistiques etc.).

Les comportements répétitifs sont intéressants dans le sens où ils nous indiquent en partie les préférences sensorielles de l’enfant. Préfère-t-il les stimulations auditives, visuelles, tactiles etc. ? Ceci peut nous donner des idées par quoi remplacer le comportement répétitif en proposant d’autres activités dans le même domaine sensoriel.