Le pairing … Qu’est-ce que c’est ?

Si l’on parle techniquement, le processus de pairing est « uniquement » le processus d’association entre deux stimuli, entre deux événements, dont l’un est neutre (il n’a aucune valeur émotionnelle pour l’enfant) et l’autre n’est pas neutre (il a une valeur émotionnelle).

Dans ce sens, on peut très bien faire du pairing entre un événement plaisant et un événement neutre (à ce moment l’événement neutre deviendra également plaisant) ; mais on peut aussi faire du pairing entre un événement neutre et un événement déplaisant (dans ce cas, l’événement neutre deviendra aussi déplaisant).

Le pairing est tout simplement un principe de conditionnement…

Je ne sais pas pourquoi ce terme de conditionnement fait peur aux gens…puisque c’est le résultat de nos expériences passées qui fait ce que nous sommes aujourd’hui … c’est peut être un terme trop technique.

Mais l’important dans le pairing , c’est ne pas tant que ça de se souvenir du terme conditionnement .. mais plutôt de se dire que c’est par ce processus que l’on peut lier une relation de confiance avec un enfant, relation qui permet ensuite d’enseigner de nombreuses compétences qui lui seront utiles ensuite .. (comme la communication) …

Mais dans la pratique tout se complique !

Lorsque l’on parle de pairing avec les enfants avec autisme, on fait le plus souvent référence au processus d’association entre des événements plaisants (des renforçateurs) et des événements neutres (un nouveau thérapeute, une nouvelles école, un psychologue qui vient pour faire une évaluation, etc.).

L’objectif du pairing est alors qu’un événement neutre devienne un renforçateur.

Egalement, lorsqu’on parle du pairing, on fait le plus souvent référence à l’association entre une personne (éducateur, parent, instit etc.) et des renforçateurs. A ce moment, l’objectif est que la personne, qui a priori n’est pas très intéressante pour l’enfant, devienne intéressante, qu’elle devienne un renforçateur, qu’elle devienne, pour l’enfant, une « glace au chocolat géante ! ».

Un des premiers objectifs du pairing est que l’enfant s’approche de l’adulte, et s’en approche très fréquemment.

Pour ça, plusieurs techniques :

– assainir l’environnement, c’est à dire mettre sous clé ou en hauteur ce qui l’intéresse, afin qu’il soit obligé de passer par vour pour obtenir ses renforçateurs.

– lorsqu’il est engagé dans des activités, même d’autostimulation, s’insérer dans ses jeux, pour les rendre encore plus intéressants

– ne PAS parler… ou alors juste pour féliciter

– ne PAS donner de consignes ou alors s’il accepte, juste pour lui donner des renforçateurs (ex ; « tiends, prends la toupie »)

– s’approcher régulièrement de lui avec quelque chose de sympathique, lui donner, sans rien dire, et s’en aller

C’est seulement une fois qu’il s’approche régulièrement de vous, que vous pouvez lui faire demander les objets qu’il apprécie. (il peut être nécessaire de modifier un peu les choses en fonction des enfants…pour certains le pairing doit être fait beaucoup plus doucement, pour d’autres de façon beaucoup plus active…).

Egalement, lisez le document sur le contrôle instructionnel, en partie téléchargements qui est très relié au pairing

Je fais un peu de tout, de l’ABA, du PECS, le Makaton, ça ne pose pas de problème ?

Là, la réponse est un peu plus complexe que oui ou non … La réponse est plus complexe tout d’abord parce que quand on parle de ces trois choses (ABA – TEACCH – PECS) on ne parle pas du tout de la même chose. L’ABA est l’application aux humains de la science ‘analyse du comportement’ et comme telle, elle couvre tout ce qui est lié aux comportements humains ; pas seulement les problèmes de comportements, pas seulement l’autisme, pas seulement le langage … mais tout ça et même plus.

Le PECS quant à lui ne couvre que ce qui concerne le langage et plus précisément les comportements verbaux utilisant l’échange d’images comme moyen de communication. De plus, comme il est très bien dit dans les formations PECS, le PECS a été créé grâce à l’ABA et un de ses créateurs, Andy Bondy, a une formation d’analyste du comportement. Donc en fin de compte, le PECS est une procédure (parmi d’auters) pour enseigner aux personnes non-vocales à communiquer.

En ce qui concerne TEACCH, là on est dans un autre schéma. TEACCH est un programme universitaire mis en place initialement en Caroline du Nord (USA) et qui s’est énormément développé dans cet état. Il implique la prise en compte de nombreux facteurs dans la prise en charge de personnes autistes, sur lesquels je ne reviendrai pas ici (voir par exemple l’article en français sur wikipédia).

Je vais commenter sur les applications de TEACCH que j’ai pu en voir en France et grâce aux remarques d’une de mes collègues ayant suivi deux formations TEACCH par l’équipe de Gary Mesibov :

– dans les programmes TEACCH, l’accent est mis sur la structuration de l’environnement, c’est à dire entre autres, le fait de rendre certains stimuli de l’environnement plus saillants afin que ces stimuli contrôlent tel ou tel comportement. Notamment, il est fait appel à de nombreuses aides visuelles qui en fin de compte contrôlent les comportements des personnes (pictogrammes pour les activités – emplois du temps visuesl etc.). Cela ne pose aucun problème si l’on réfléchit dès le début de la mise en place de ces aides visuelles à la façon dont on va les estomper afin de permettre à la personne d’évoluer dans un milieu le plus typique possible (donc un milieu avec moins d’aides visuelles). Cependant, comme me le faisait remarquer ma collègue, on est parfois obligés de laisser ces aides visuelles en place (par exemple avec des personnes ayant de fortes déficiences).

– cette structuration de l’environnement permet de réduire certains problèmes de comportements reliés à la communication expressive et réceptive. Mais attention à ne pas « enfermer » les personnes dans un environnement trop restreint qui réduira leurs possibilités d’intégration et d’autonomie.

Donc en fin de compte et pour résumer, l’ABA est la science qui nous permet de comprendre, prédire, modifier les comportements des personnes. Parmi ces comportements se trouve la communication (les comportements verbaux) qui peut être enseignée grâce au PECS (mais qui n’est évidemment pas une fin en soi!) ; et en ce qui concerne TEACCH, ce programme s’occupe de la structuration de l’environnement et des apprentissages. Cette structuration doit absolument être individualisée et estompée, suivant les principes et procédures de décrits par l’ABA, afin que les apprentissages soient le plus efficaces possibles et que les personnes puissent fonctionner dans un environnement typique.

Alors, non, on ne peut pas faire « un peu de tout », TEACCH, PECS, ABA etc … On doit connaitre les principes de l’ABA, connaitre les principes amenant à l’apprentissage, le maintien et parfois la diminution de comportements, savoir comment aider ces apprentissages (guidances) et faire en sorte qu’ils soient généralisés. Lorque l’on connait ces principes, on peut choisir comment proposer tel ou tel apprentisage aux personnes ; par exemple en leur enseignant à utiliser le PECS pour communiquer, ou choisir de structurer les lieux d’apprentissage suivant le modèle TEACCH, tout en gardant à l’esprit qu’un apprentissage qui n’est pas généralisé n’est pas un apprentissage fonctionnel, donc ne sert à rien.

Alors l’ABA c ‘est du conditionnement ?

A question simple, réponse simple : oui, mais tout apprentissage, de la façon d’acheter sa baguette de pain à la résolution d’équations du deuxième degré en passant par la conception d’un site web dédié à l’ABA est réalisé suivant les principes du conditionnement.

Vous voulez peut être que je développe un peu plus ?

OK. C’est ce mot ‘conditionnement’ qui vous fait peur ou vous ennuie ? En fin de compte c’est de cette façon que sont effectués tous les apprentissages de tous les organismes et donc bien sûr des Humains. Lorsque je me suis approché le doigt d’une allumette parce que je trouvais la flamme jolie, j’ai appris (mon organisme a appris) que les conséquences associées à la proximité d’un flamme étaient suffisamment aversives pour que mon corps essaie au maximum d’en rester éloigné. Lorsque vos parents vous ont fait des compliments et des bisous alors que vous étiez tout bébé et que vous avez commencé à sourire, votre organisme a appris que les sourires pouvaient attirer l’attention des personnes autour de vous.

On pourrait trouver une infinité d’exemples de cette sorte car les apprentissages effectués par un organisme tout au long de sa vie sont quasiment innombrables !

Lorsque nous nous occupons d’enseigner des compétences ou de diminuer des comportements (ex : manger des fruits et légumes pour garder la ligne – ne pas parler fort en classe – demander poliment pour avoir à manger), nous devons savoir que c’est l’environnement des organismes qui évoque des comportements et c’est ce même environnement qui renforce (ou pas) ces comportements. Ainsi, l’organisation systématique de l’environnement et l’application de principes scientifiques maintes fois démontrés nous permettent d’être efficaces dans nos actions éducatives, et parmi ces principes scientifiques démontrés figure le conditionnement. Evidemment, dans la grande majorité des cas on ne fait pas référence au conditionnement tel que décrit par Pavlov (conditionnement répondant) mais à un conditionnement nettement plus complexe, le conditionnement opérant.

Je pense que la plupart du temps les gens refusent l’utilisation du terme ‘conditionnement’ car ils pensent immédiatement au chien de Pavlov. En fin de compte lorqu’un analyste du comportement parle de conditionnement, il ne parle quasiment jamais de ce type de conditionnement, mais même si cela était le cas, je ne vois pas ce qu’il y a de mal à dire que nos comportements sont appris et maintenus suivant les mêmes lois que pour les autres organismes. Et je ne vois pas non plus ce qu’il y aurait de mal à utiliser de façon réfléchie et raisonnable ces principes (conditionnement répondant et opérant) afin d’enseigner des compétences … puisque de toute façon c’est suivant ces principes que l’environnement modifie nos réactions et que nous apprenons à nous comporter dans notre environnement.

Dans votre approche très technique, vous ne faites pas de place au sujet

(1) Lorsque l’on travaille en ABA, c’est le sujet qui est au centre de toutes nos préoccupations !!! Chaque programme d’apprentissage, chaque procédure de gestion des comportements, toutes les actions que nous proposons doivent être à 100% individualisées et adaptées à chaque cas particulier ! C’est montrer une absence de connaissance totale de ce qu’est l’ABA que de dire que l’on ne prend pas en compte l’individualité de chacun… Si on ne prend pas en compte l’enfant dans son individualité, on est quasiment sûrs d’aller vers un échec de ce que l’on propose.

(2) Evidemment qu’il faut créer une relation avec les enfants avec lesquels on travaille ! S’il n’y a pas de relation je ne pourrai jamais faire mon travail correctement. Mais l’établissement d’une relation c’est aussi un apprentissage. C’est un apprentissage mutuel de ce que l’on peut attendre d’autrui, de ce qu’il peut nous apporter autant d’un point de vue émotionnel que d’un point de vue matériel. Lorsque je rencontre de nouvelles personnes, que ce soit dans le cadre professionnel ou privé, la mise en place d’une relation va dépendre de nombreux paramètres liés à toute notre histoire de vie et à nos réactions actuelles avec la personne. De plus, une relation, comme tout apprentissage est un processus dynamique, elle va être constamment modifiée par différents événements. Ces modifications seront plus ou moins importantes mais elles auront constamment lieu. Alors, le fait de voir l’établissement d’une relation comme un apprentissage nous permet d’emmener cette relation dans une direction positive afin d’atteindre nos objectifs (notamment l’éducation de personnes atteintes d’autisme).

Vous donnez des bonbons et des chips aux enfants… C’est du dressage !

Quand on m’a fait cette remarque je me suis beaucoup interrogé sur la façon d’y répondre.

Il faut savoir que dans la pratique de l’ABA nous prenons toujours en compte les envies, les préférences, les désirs des enfants pour leur proposer des apprentissages qui les « motivent ». Donc, c’est vrai, si un enfant n’est intéressé que par des chips ou du saucisson, je vais utiliser cet intérêt déjà présent pour, à la fois pouvoir enseigner à cet enfant des compétences qui lui seront profitables et pour, en parallèle développer de nouveaux intérêts, de nouveaux renforçateurs dont notamment les renforçateurs sociaux (félicitations – sourires – chatouilles…) et les renforçateurs « activité » (bulles – jouer aux voitures – faire du trampoline par exemple …).

Trop souvent dans des programmes réalisés par des gens se disant spécialistes de l’autisme et de l’enseignement je vois des enfants pour lesquels les préférences ne sont pas prises en compte et ces « spécialistes » n’utilisent que des renforçateurs sociaux (« oui bravo!! » – qui en fait souvent ne sont pas des renforçateurs puisque les enfants n’apprécient pas spécialement ce type de stimulation). Ceci est très dommageable pour l’enfant qui n’apprendra pas aussi vite qu’il le pourrait si l’on prenait en compte ses envies… Imaginez vous à la 25è fois en quinze minutes où l’on vous dit « bravo, tu as super bien réussi ».

Ensuite, concernant le « dressage », je dois bien rappeler que l’ABA n’a rien à voir avec le dressage d’animaux ou le formatage de petits robots ! Nos objectifs sont toujours à long terme le maximum d’autonomie et d’indépendance possible pour la vie quotidienne. Alors parfois lors de l’enseignement, certains comportements peuvent paraître très automatisés mais ils ne le resteront pas, au fur et à mesure que l’on va construire des compétences complexes sur ces compétences simples.

Vous ne traitez que les symptômes et pas la cause !

Quand j’entends ce genre de commentaires ils viennent en général (1) de psychanalystes, (2) de personnes ne connaissant pas grand chose à l’ABA (et les deux vont souvent ensemble). Alors sans vouloir rentrer dans le débat de l’efficacité (ou de la non-efficacité) de la psychanalyse à traiter les causes des comportements voilà ce qu’un analyste du comportement peut répondre.

Lorsque l’on cherche à modifier des comportements, on doit prendre en compte l’individu dans son environnement. En effet, c’est l’environnement qui va faire que des comportements se maintiennent. Cependant, les différences individuelles sont à la base de notre approche et si on ne les prend pas en compte, nos actions sont vouées à l’échec. Si l’on parle de comportements en partiiculiers (la plupart du temps inadaptés), une analyse fonctionnelle précise nous permet d’analyser un comportement de façon suffisamment précise pour le diminuer tout en (la plupart du temps) le remplaçant par un autre comportement adapté… donc on traite le symptôme et la cause.

Si l’on parle de troubles en particuliers, comme l’autisme puisque c’est mon domaine de spécialité, notre façon de voir ce trouble doit être amenée par des informations scientifiques et objectives. Alors, si l’on part des prémisses que l’autisme est un trouble du développement, avec une base génétique et environnementale, lorsqu’un spécialiste ABA propose des programmes éducatifs, il agit sur les deux, cause et symptôme. Mais si l’on part des prémisses que l’autisme est un trouble relationnel, là en effet en ABA on ne s’occupe pas du tout de la cause (relation mère-enfant)…mais cette cause est complètement hypothétique, même « farfelue » (pour être politiquement correct) et toutes les personnes se tenant informées sont au courant de ce fait.

Chez les enfants lourdement atteints par l’autisme, où est la part d’inconscient ?

Le concept d’inconscient a été crée/développé principalement par la psychanalyse, mais n’est plus que très peu utilisé (voire pas du tout) par la psychologie moderne, scientifique et l’analyse du comportement. Alors, y compris pour des personnes au développement « typique », je ne trouve pas que ce concept soit nécessaire pour comprendre l’être humain.

Un humain, dans une situation donnée, réagit, pense, parle etc. en fonction des différents stimuli autour de lui et en fonction des stimuli qui ont pu être reliés (dans le passé) à différentes expériences (bonnes ou mauvaises). Ainsi, on ne peut pas toujours savoir quels sont les stimuli qui nous font réagir de telle ou telle façon (même après 20 ans d’analyse!). De nombreuses (très nombreuses) de nos réactions ne sont donc pas « conscientes », dans le sens où l’on ne sait pas quels sont les stimuli qui nous influencent (ni dans quel sens). On pourrait peut être dire que nous réagissons de façon inconsciente…mais ce terme est trop connoté.
Alors, quelle que soit la personne dont on parle ou le handicap, les mêmes mécanismes de fonctionnement s’appliquent.

Est-ce vrai que l’ABA ne marche que pour certains enfants ?

C’est tout aussi vrai que de dire que les lois de la gravité ne s’appliquent pas à certains enfants. En physique, il existe de très nombreux paramètres à prendre en compte pour pouvoir comprendre, prédire et modifier (par exemple) la façon dont tombe un objet (gravité / vent / frottements etc.). Pour comprendre, prédire et modifier des comportements c’est la même chose, on doit être capables de prendre en compte de nombreux paramètres.

En fin de compte, j’ai tendance à dire que c’est la façon dont les personnes utilisent et appliquent l’ABA qui conditionne l’efficacité (ou la non-efficacité) observée. En effet, on ne peut pas remettre en cause la réalité des principes comme le renforcement, le contrôle du stimulus, l’extinction etc. qui sont les bases de l’ABA et qui ont été démontrés à de nombreuses reprises. Mais ils peuvent être mal utilisés ou certains paramètres de la situation peuvent ne pas avoir été pris en compte ce qui amène à un échec. Est-ce parce qu’un antibiotique n’a pas été efficace pour votre enfant que la chimie ne s’applique pas à votre enfant ? Les professionnels ou personnes désirant suivre les principes de l’ABA doivent toujours avoir en tête notre dévouement à l’efficacité et si une procédure en particulier n’est pas efficace, un apprentissage n’est pas obtenu, un comportement ne diminue pas … il est de notre devoir de savoir réviser/modifier ce qui est actuellement proposé (voir éthique de l’ABA).

Une dernière remarque : comme on me l’a très justement fait remarquer, l’ABA n’est pas l’application d’une « formule magique » qui arrange tous les problèmes… les thérapeutes et personnes formées n’ont malheureusement pas de « pouvoirs » (bien que de nombreux parents que j’ai rencontrés mériteraient une citation). Il existera toujours des limitations environnementales, physiologiques, sociales aux différents apprentissages proposés, limitations dépendantes des personnes (y compris facteurs génétiques et développementaux) et/ou de leurs environnements. Cependant, on tentera toujours de faire changer les choses !

Les liens entre ABA, VB, NET et motivation

Attention… Cet article est long, il compile plusieurs réponses données à des questions mail …s’il est tard, vous risquez de vous endormir… 🙂

Pour répondre à cette question il faut d’abord savoir de quoi on parle sous l’appellation ABA/VB…

Pour faire simple, dans le langage courant, lorsque l’on parle d’ABA/VB, on fait référence aux pratiques de l’ABA qui mettent en avant l’utilisation de la motivation de l’enfant afin de lui enseigner des compétences. Mais …

…En termes plus techniques, ce raccourci est pour moi une erreur de langage car :

–          l’ABA, c’est l’analyse appliquée du comportement, c’est à dire une science appliquée, un domaine dans lequel des chercheurs développent des procédures, techniques, les comparent etc. afin de permettre aux personnes dont les pratiques professionnelles sont guidées par l’ABA de proposer à leurs patients les plus récentes avancées, et donc les soins les meilleurs.

–          VB signifie Verbal Behavior, donc comportements verbaux, c’est à dire une petite partie (mais très importante) des comportements humains. Parler de VB, c’est parler d’un type de comportement particulier, pas d’une pratique professionnelle particulière.

–          ABA/VB, ça ne veut rien dire en tant que tel : soit je fais de l’ABA, donc de la recherche appliquée, soit j’ai une pratique professionnelle qui est guidée par les résultats en ABA et je peux ainsi avoir différentes orientations dans ce que je vais proposer comme apprentissages aux enfants, dans quel ordre, sur quelles compétences je vais me focaliser, comme par exemple les comportements verbaux.

Une autre erreur de langage est de dire que l’on fait du « VB », cela ne veut absolument rien dire, comme si un médecin disait qu’il « fait de l’antibiotique » parce qu’il prescrit des antibiotiques à ses patients.

Ce terme d’ABA/VB est souvent utilisé pour faire référence à des pratiques professionnelles dans lesquelles on prend beaucoup en compte la motivation des personnes et l’enseignement des compétences de demande, mais il n’en reste pas moins que cette appellation est à strictement parler abusive. Mais comme il est maintenant passé dans le langage…

En fin de compte, la « méthode ABA/VB » n’existe pas en tant que telle… Tout n’est qu’une question de la façon dont nous (ou l’institution pour laquelle nous travaillons) envisageons le développement de l’enfant, les objectifs que l’on considère comme prioritaires, et la façon dont nous tentons de les atteindre.

Et c’est là que rentre en jeu la motivation. Là encore ce terme « motivation » est incorrect en ce qui concerne la terminologie ABA. On utilise normalement les termes Establishing Operations (EO), MO (Motivating Operations), AO (Abolishing Operations).

Pour une explication précise de ses termes, je vous laisse consulter les documents de cours qui sont disponibles sur mon site, notamment les documents des cours que je donnais dans le DU à Lille, qui sont les plus précis, mais compliqués.

Dans les prise en charge actuelles, de nombreux professionnels font très attention à contrôler, créer, modifier ces MO afin que les apprentissages proposés aux enfants soient plus efficaces (une des caractéristiques d’une MO est qu’elle rend un renforçateur plus efficace, par conséquence, l’apprentissage se fait mieux, plus vite).

Et nous en arrivons à l’autre notion d’importance des MO, c’est que celles-ci sont à la base de l’apprentissage du mand ! Premier acte communicatif par excellence, qui est désormais un des tous premiers objectifs d’enseignement pour les enfants avec autisme/TED.

Et vous savez que pour les mands, l’antécédent (A) dans la contingence ABC est la présence d’une envie, d’un désir, d’une motivation, en terme technique, la présence d’une EO.

Donc, en résumé et si on refait un peu de vulgarisation, la motivation (EO/MO) est à la base de tous les apprentissages proposés dans les prises en charge qui se disent « ABA/VB ».

A la base même des apprentissages qui ne sont pas directement des comportements verbaux. Par exemple, pour enseigner à un enfant à compter, vous allez essayer de créer une situation plaisante, de créer un contexte motivant (c’est à dire de créer une EO) pour cet apprentissage.

Et pour mettre tout ça en lien avec le NET :

Le NET, au sens strict, c’est du Natural Environment Teaching, donc enseignement en environnement naturel.

Le NET peut être mis en œuvre en étant guidé par (et en modifiant) la motivation de l’enfant (=présence ou non d’une EO), par exemple lorsqu’on va au parc avec un enfant. Si sa motivation est de faire de la balançoire, et que l’on sait que dans son curriculum il faut lui enseigner les pronoms personnels ‘je /tu’ alors on peut lui faire nous demander « tu pousses ? » (pour qu’on le pousse), puis c’est à notre tour de faire de la balançoire et c’est à lui de nous pousser et à ce moment on lui fait dire « je  pousse ».

Le NET, ce n’est donc pas uniquement de concrétiser les apprentissages « bureau » en dehors du bureau. C’est aussi de profiter des situations, créer des situations pour faire des apprentissages complètement nouveaux : on doit être capable dans le curriculum d’identifier la fonction des objectifs, et d’enseigner des formes différentes, selon les moments de vie de l’enfant (attention, pour de nombreux apprentissages, il faudra quand même en passer par des moments de travail « bureau », qui permettent de contrôler finement les antécédents des comportements, donc d’enseigner finement des discriminations)

Pour résumer, dans le NET :

1 – l’entrainement (apprentissage) en milieu naturel peut se focaliser sur des apprentissages complètement nouveaux, prenant en compte la motivation de l’enfant, tout en respectant le curriculum établi

2 – mais cela peut aussi être la généralisation des apprentissages au bureau, en milieu naturel (par exemple pour un enfant avec qui on a des difficultés à enseigner la discrimination des chiffres, on les lui enseigne au bureau, en milieu contrôlé, puis on les généralise en milieu naturel)

La plupart du temps, on parle surtout du NET dans le contexte de la communication, c’est à dire de profiter des situations naturelles de l’environnement, situations motivantes pour travailler le mand, et éventuellement les autres opérants comme la dénomination (tact).

 

 

La communication facilitée, vous en pensez quoi ?

Cette méthode est très controversée, et comme dans toute controverse, ce qui peut nous permettre de trancher d’un côté ou de l’autre, ce sont des arguments scientifiques. Surtout lorsque l’on parle de personnes en difficultés, en souffrance, et lorsqu’on parle de sujets comme l’autisme et les TED qui sont encore assez « mystérieux ».

Concernant la communication facilitée, il existe cette recherche (en anglais – pdf – 1.4 Mo) ayant été réalisée en 1995, aux Etats Unis.
Cette recherche a été publiée dans un journal très connu et contrôlé suivant ce que l’on appelle « peer review », c’est à dire qu’avant publication, toutes les informations sont v érifiées à la loupe suivant les critères scientifiques les plus stricts, ce qui est normal lorsque l’on parle de soins !! Vous ne voudriez pas que votre cardiologue essaie sur vous un nouveau médicament dont l’efficacité n’a pas été vérifiée !!

Les auteurs ont créé trois situations dans lesquelles on posait des questions à l’enfant et il devait répondre par l’intermédiaire du « facilitateur ». Ces questions concernaient ce qui était représenté sur des images :

1 – Le facilitateur et le patient voyaient les mêmes images
2 – Le facilitateur ne voyait pas l’image
3 – Le facilitateur voyait une « fausse image » (et le patient en voyait une autre)

Les résultats sont que le patient n’a tapé les bonnes réponses que lorsque le facilitateur avait accès aux infos, n’a jamais tapé la bonne réponse lorsque le facilitateur ne voyait pas l’image, et a tapé la réponse concernant l’image vue par le facilitateur dans la condition 3 et pas l’image que voyait l’enfant avait accès. Donc il n’existe aucune communication venant de la part de l’enfant !

Référence :
Montee, B. B., Miltenberger, R. G., & Wittrock, D. (1995). An experimental analysis of facilitated communication. Journal of Applied Behavior Analysis, 28, 189-200.

Recherche disponible gratuitement ici en format pdf (1.4 Mo).

Un professionnel ABA peut-il s’occuper de toutes les pathologies ?

Un professionnel ABA peut-il s’occuper de toutes les pathologies ? Sous-entendu : en ABA vous vous occupez des comportements, donc peut-être que vous pouvez travailler avec tous les publics ?

 

La réponse est bien évidemment non (bien que certains professionnels du domaine disent parfois le contraire !). Cela apparait d’ailleurs bien clairement dans le code de déontologie du BCBA (traduction française ici) :

 » L’Analyste du comportement n’accepte comme clients que les individus […] dont le comportement ou les problèmes présentés font partie de sa spécialité, sa formation et son expérience. »

« Si ce n’est pas le cas, l’Analsyte du comportement doit travailler sous la supervision ou la consultation d’un Analyste du Comportement dont la formation ou l’expérience correspondent aux problèmes présentés »

Alors, oui bien sûr que des professionnels de l’Analyse du Comportement se préoccupent des comportements. Mais plus précisément ils cherchent à comprendre, modifier les comportements des individus et les différentes pathologies des individus peuvent être si spécifiques (par ex : fonctionnement cognitif, profil d’apprentissage, sensibilités sensorielles) qu’il faut les connaitre pour pouvoir aider au mieux les personnes et leurs familles.