Chapitre 4 – Les réflexes, le conditionnement répondant

 

Le conditionnement répondant a été découvert par Pavlov au début du 20ème siècle. Ses expériences sont maintenant connues de tous et c’est notamment à cause de ses quelques racines « pavloviennes » que l’ABA est souvent mal comprise, même pas des universitaires ayant un doctorat en psychologie ou en sciences de l’éducation ! En effet, très rares sont les moments où nous, psychologues du comportement, mettons en application des procédures liées au conditionnement répondant…

Le conditionnement répondant concerne les réflexes. Lorsqu’un comportement est automatiquement entrainé par un stimulus on appelle la relation entre le stimulus et ce comportement un réflexe. Il existe différents réflexes chez l’être humain : réflexe myotatique, fermeture de la paupière lors de l’apparition d’un souffle d’air sur celle-ci, « chair de poule », tanspiration etc.

On parle de conditionnement répondant lorsqu’un stimulus initialement neutre est associé avec un stimulus inconditionné et que ce stimulus, qui était neutre et qui ne provoquait aucune réaction, commence à provoquer le comportement.

(si on parle de façon précise, il faut bien différencier comportement et réponse ; cependant, dans la pratique, j’ai remarqué que les personnes comprennent plus facilement si on utilise le terme comportement…c’est celui que j’utiliserai…)

Avec un schéma et un exemple (trivial mais tellement vrai) c’est plus simple 😉

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Initialement, lorque j’ai mon plat préféré dans la bouche (et plus généralement des aliments), cela provoque un réflexe, une réponse inconditionnée : je salive (cela aide à mâcher et prépare les aliments à être digérés).

Stimulus inconditionné

(plat préféré dans la bouche)

provoque

Réponse inconditionnée

(salivation)

Un jour je passe devant un restaurant et je vois sa devanture. Je ne connais pas ce restaurant, sa devanture est un stimulus neutre. Je décide de m’y arrêter et je vois qu’ils ont mon plat préféré sur la carte. J’en prends un et il est tellement délicieux que je décide de mettre le nom de ce restaurant dans mon top 5.

Stimulus neutre

(Devanture d’un restaurant)

+

Stimulus inconditionné

(plat préféré dans la bouche)

provoque

Réponse inconditionnée

(salivation)

 

L’association du stimulus neutre (devanture) avec le stimulus inconditionné « nourriture dans la bouche » va faire en sorte que le stimulus neutre (la devanture du magasin), la prochaine fois que je le rencontrerai, provoquera la réponse « salivation », qui sera alors appelée réponse conditionnée.

Stimulus conditionné

(Devanture d’un restaurant)

provoque

Réponse inconditionnée

(salivation)

 

Beaucoup de réponses émotionnelles, phobies etc. sont reliées à une histoire individuelle de conditionnement répondant.

Chapitre 5 – L’apprentissage : le conditionnement opérant

Lorsque l’on parle de conditionnement opérant, on parle de la façon dont un organisme apprend des comportements, suivant la façon dont les comportements agissent sur l’environnement. On parle de conditionnement opérant car on fait référence à la façon dont un comportement opère sur son environnement.

Un schéma pour simplifier…

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Dans un environnement donné  :  un comportement d’un organisme apparait

ce qui

produit une conséquence positive pour l’organisme

 

C’est la conséquence positive qui va faire que lorsque l’organisme se trouvera de nouveau dans cet environnement, le comportement qui (dans le passé) a amené quelque chose de positif aura une plus grande probabilité d’apparaître.

En termes techniques on écrit ceci :

 

SD

Un (des) stimulus discriminatif(s)

 :

évoque(nt)

R

l’apparition du comportement 

ce qui

Sr+

produit l’apparition d’un stimulus renforçant

 

(dans la partie consacrée aux façons d’augmenter un comportement vous verrez qu’un comportement opérant peut aussi permettre de réduire des stimulations aversives, et pas seulement permettre d’obtenir des stimuli « positifs »)

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Le conditionnement opérant est la base de la complexité des comportements des organismes et donc de la complexité des comportements humains.

Par exemple, certains jeunes enfants apprennent très rapidement (et de façon « inconsciente » !) que le fait de jeter leur jouet de la chaise haute provoque des réactions « amusantes » (maman dit « oh non pas encore!! » ou se baisse pour ramasser l’objet) ce qui augmente la probabilité que l’enfant le refasse dans le futur.

Ainsi, nous dirons qu’un comportement opérant apparait et se maintient dans le temps car la façon dont il opère sur l’environnement produit l’apparition de conséquences positives pour l’organisme. Comme vous l’avez peut être déjà compris, le corollaire de cette affirmation est le suivant : un comportement qui ne produit pas de conséquences positives pour l’organisme disparaitra (et ceci est la base du traitement des problèmes de comportement). C’est donc de cette façon que nous pourrons enseigner, augmenter, diminuer, supprimer etc. certains comportements.

On fait souvent référence au conditionnement opérant sous la forme d’un schéma plus facile à retenir que celui présenté plus haut : le schéma ABC.

 

A

B

C

En anglais :

Antecedent

Behavior

Consequence

 

Notons qu’il n’y a pas de relation de cause à effet entre antécédent (SD) et comportement. Par exemple, lorsque j’ai faim, la vue de la porte de mon réfrigérateur a une forte probabilité d’évoquer le comportement « ouvrir le réfrigérateur », mais à de nombreux autres moments de la journée, ce SD n’évoquera pas le comportement. De même, lorsque mon téléphone sonne, il y a une grande probabilité pour que je réponde, mais cela n’est pas toujours vrai…la sonnerie de mon téléphone (SD) ne me « force » pas à y répondre.

D’après mon exemple sur le réfrigérateur, vous avez sans doute compris que pour une explication, prévision et modification précise et efficace des comportements, on va donc parfois devoir prendre en compte, en plus de l’environnement externe, le contexte interne d’une personne, notamment la privation/satiété liées à certains stimuli.