Chapitre 9 – Et pour diminuer un comportement un comportement ?

Il existe différentes façons pour faire diminuer un comportement. Lorsque nous utilisons l’ABA avec des personnes en difficulté, il me semble qu’il vaut toujours mieux savoir quelle est la fonction du comportement, ce par quoi il est renforcé avant de commencer à agir dessus. Pour connaitre la(les) fonction(s) d’un comportement, on doit réaliser une analyse fonctionnelle, ceci est présenté dans la partie sur les applications de l’ABA.

La première procédure que je vais présenter est la punition. Je vais la présenter en premier, parce que justement, c’est en DERNIER ressort que l’on peut avoir recours à ce genre de procédure. Ensuite vous trouverez des informations sur l’extinction et le renforcement différentiel.

Punition

Extinction

Renforcement différentiel

 

Punition

Pour quoi ai-je dit que la punition est à utiliser en dernier ressort ?

Les effets de la punition sont : à court terme, un arrêt du comportement perturbateur (parfois) et une « tranquillité » de l’enseignant qui risque (malheureusement) d’être amené à réutiliser la punition dans le futur; à plus long terme, souvent on a une réapparition des comportements (car on ne s’est pas occupé de leur fonction). On a de plus, souvent une apparition de réactions émotionnelles « imprévisibles » (frustration-violence-agression), une réduction du « bien-être » des personnes environnantes, et la punition provoque aussi l’apparition d’autres comportements tout autant inappropriés mais moins visibles.

En fin de compte,

il n’y a pas d’éducatif dans la punition : on n’apprend pas à l’enfant comment bien faire !

Ceci dit, entrons dans la description de ce qu’est la punition.

Tout comme il existe deux types de procédures de renforcement (positif et négatif), il existe deux procédures de punition.

Dans la punition négative, c’est le retrait de choses agréables, de renforçateurs, suite à l’apparition d’un comportement qui va faire que le comportement va diminuer. L’exemple typique est quand avec une voiture on fait un excès de vitesse et qu’on est verbalisés par la police, on perd des points et de l’argent (amende), donc dans le futur il y a une moins grande probabilité que l’on recommence à faire des excès de vitesse. Un autre exemple : lorsqu’un enfant joue avec de la nourriture qu’il apprécie au lieu de la manger, le fait de lui enlever cette nourriture appréciée va faire que dans le futur il y aura une moins grande probabilité qu’il joue avec la nourriture.

Dans la punition positive, c’est la présentation de stimuli aversifs, suite à l’apparition du comportement, qui va faire que le comportement va diminuer. Par exemple, si je ne mets pas de gant pour sortir un plat du four, la douleur va être suffisamment aversive pour que je n’oublie pas le gant la prochaine fois.

Lorsque l’on décide d’utiliser des procédures de punition il est absolument nécessaire de s’assurer que le comportement diminue, des mesures précises doivent être prises afin de ne pas continuer à mettre en place une procédure qui ne fonctionne pas.

Extinction

L’extinction consiste en la « non-présentation » des conséquences habituellement associées à un comportement. Autrement dit, lorsque le comportement apparait, il ne doit pas être renforcé. L’extinction n’est pas d’ignorer l’enfant ou la personne comme je l’entends souvent. Il existe différents types d’extinction liés à la fonction du comportement.

Si l’on reprend le schéma décrivant l’apprentissage opérant, lorsque l’on fait de l’extinction, on se retrouve dans ce cas :

Dans un environnement donné

:

un comportement apparait

ce qui

ne produit plus le résultat attendu ou habituel

Ne produisant plus de conséquence positive, le comportement va diminuer car il « ne sert plus à rien »…

Ainsi, si un comportement a pour fonction d’échapper à une tâche, le fait de ne plus pouvoir échapper va faire que le comportement va diminuer. Si un comportement sert à provoquer une réaction chez son père, le fait que la réaction du papa n’arrive plus va faire diminuer le comportement.

Lorsque l’on pratique de l’extinction, tout le monde dans l’environnement de la personne doit l’appliquer, on doit être sûrs que l’on va pouvoir tenir et que la personne ne va pas se mettre en danger ou risquer de mettre en danger d’autres personnes. Peu après le début d’une procédure d’extinction va apparaitre un « pic d’extinction », c’est à dire une augmentation du comportement en fréquence / intensité / durée etc. C’est le moment où il faut « s’accrocher » et être sûrs de tenir sinon on risque de renforcer un comportement encore plus inadapté que celui que l’on voulait diminuer. Egalement, lors d’un pic d’extinction, va apparaitre ce que l’on appelle de la variabilité comportementale, c’est à dire que le comportement risque de se modifier, ou d’autres comportements ayant la même fonction vont apparaitre. Il faut alors éviter de renforcer ces « variations sur le même thème »… Pour diminuer le pic d’extinction, l’utilisation de renforcement différentiel est très utile.

Renforcement différentiel

La plupart du temps on n’utilise pas l’extinction seule mais on la couple avec le renforcement de différents comportements, c’est ce qui s’appelle du renforcement différentiel. Le renforcement différentiel est une procédure très efficace et devrait être utilisée en premier lieu pour diminuer des comportements non désirés.

Dans le renforcement différentiel, en même temps que l’on ne présente plus les conséquences habituellement associées à un comportement (extinction), on va renforcer d’autres comportements. Il existe différents « raffinements » de cette procédure, je vais en présenter succinctement quelques-uns. Je vais utiliser les initiales anglaises DRx, où DR signifie Differential Reinforcement et ‘x’ est une lettre spécifiant le type de renforcement différentiel.

DRA – Differential Reinforcement of Alternate behavior = Renforcement Différentiel de Comportements Alternatifs

Lorsque l’on fait du DRA, on renforce un comportement approprié ayant la même fonction (« servant à la même chose ») que le comportement inapproprié ET on ne renforce pas ce comportement inapproprié. Un exemple : apprendre à un enfant à demander de l’aide lors des exercices plutôt que de jeter le matériel à terre.

Il est hautement recommandé de faire une analyse fonctionelle du comportement que l’on veut réduire, afin de bien identifier le comportement alternatif que l’on va enseigner, qui doit avoir la même fonction que celui à réduire.

DRI – Differential Reinforcement of Incompatible behavior = Renforcement Différentiel de Comportements Incompatibles

C’est une variation de la procédure de DRA. Dans cette procédure, le comportement qui est renforcé est physiquement incompatible avec le comportement que l’on désire réduire. Par exemple, répondre à des questions posées par un éducateur empêche un enfant de faire en même temps des écholalies… poser les mains sur la table de travail est incompatible avec de nombreux comportements d’autostimulation impliquant l’utilisation des mains.

DRO – Differential Reinforcement of Other behaviors = Renforcement Différentiel d’Autres Comportements

Dans cette procédure, on délivre un agent renforçateur, lorsque le comportement que l’on désire réduire n’apparaît pas pendant une certaine durée. De la même façon que précédemment, on ne délivre plus d’agents renforçateurs lorsque le comportement inadapté apparaît. Dans cette procédure, en quelque sorte, on tente donc de renforcer tous les comportements autres que celui que l’on désire réduire.

La durée initiale après laquelle on donne un renforçateur si le comportement n’est pas apparu devrait être adaptée en fonction de ce qui a été observé en ligne de base, puis progressivment augmentée.

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Encore une fois, il est toujours préférable de consulter des spécialistes du domaine lorsque l’on désire diminuer des comportements ou proposer des apprentissages adaptés à l’enfant. Le fait qu’un procédure ait fonctionné avec telle personne ne veut pas dire qu’elle fonctionnera avec une autre. Aucune procédure ne devrait être réutilisée sans avoir évalué si elle est adaptée…il y a de trop gros risques, surtout lorsque l’on parle de problèmes de comportement.