Là, la réponse est un peu plus complexe que oui ou non … La réponse est plus complexe tout d’abord parce que quand on parle de ces trois choses (ABA – TEACCH – PECS) on ne parle pas du tout de la même chose. L’ABA est l’application aux humains de la science ‘analyse du comportement’ et comme telle, elle couvre tout ce qui est lié aux comportements humains ; pas seulement les problèmes de comportements, pas seulement l’autisme, pas seulement le langage … mais tout ça et même plus.

Le PECS quant à lui ne couvre que ce qui concerne le langage et plus précisément les comportements verbaux utilisant l’échange d’images comme moyen de communication. De plus, comme il est très bien dit dans les formations PECS, le PECS a été créé grâce à l’ABA et un de ses créateurs, Andy Bondy, a une formation d’analyste du comportement. Donc en fin de compte, le PECS est une procédure (parmi d’auters) pour enseigner aux personnes non-vocales à communiquer.

En ce qui concerne TEACCH, là on est dans un autre schéma. TEACCH est un programme universitaire mis en place initialement en Caroline du Nord (USA) et qui s’est énormément développé dans cet état. Il implique la prise en compte de nombreux facteurs dans la prise en charge de personnes autistes, sur lesquels je ne reviendrai pas ici (voir par exemple l’article en français sur wikipédia).

Je vais commenter sur les applications de TEACCH que j’ai pu en voir en France et grâce aux remarques d’une de mes collègues ayant suivi deux formations TEACCH par l’équipe de Gary Mesibov :

– dans les programmes TEACCH, l’accent est mis sur la structuration de l’environnement, c’est à dire entre autres, le fait de rendre certains stimuli de l’environnement plus saillants afin que ces stimuli contrôlent tel ou tel comportement. Notamment, il est fait appel à de nombreuses aides visuelles qui en fin de compte contrôlent les comportements des personnes (pictogrammes pour les activités – emplois du temps visuesl etc.). Cela ne pose aucun problème si l’on réfléchit dès le début de la mise en place de ces aides visuelles à la façon dont on va les estomper afin de permettre à la personne d’évoluer dans un milieu le plus typique possible (donc un milieu avec moins d’aides visuelles). Cependant, comme me le faisait remarquer ma collègue, on est parfois obligés de laisser ces aides visuelles en place (par exemple avec des personnes ayant de fortes déficiences).

– cette structuration de l’environnement permet de réduire certains problèmes de comportements reliés à la communication expressive et réceptive. Mais attention à ne pas « enfermer » les personnes dans un environnement trop restreint qui réduira leurs possibilités d’intégration et d’autonomie.

Donc en fin de compte et pour résumer, l’ABA est la science qui nous permet de comprendre, prédire, modifier les comportements des personnes. Parmi ces comportements se trouve la communication (les comportements verbaux) qui peut être enseignée grâce au PECS (mais qui n’est évidemment pas une fin en soi!) ; et en ce qui concerne TEACCH, ce programme s’occupe de la structuration de l’environnement et des apprentissages. Cette structuration doit absolument être individualisée et estompée, suivant les principes et procédures de décrits par l’ABA, afin que les apprentissages soient le plus efficaces possibles et que les personnes puissent fonctionner dans un environnement typique.

Alors, non, on ne peut pas faire « un peu de tout », TEACCH, PECS, ABA etc … On doit connaitre les principes de l’ABA, connaitre les principes amenant à l’apprentissage, le maintien et parfois la diminution de comportements, savoir comment aider ces apprentissages (guidances) et faire en sorte qu’ils soient généralisés. Lorque l’on connait ces principes, on peut choisir comment proposer tel ou tel apprentisage aux personnes ; par exemple en leur enseignant à utiliser le PECS pour communiquer, ou choisir de structurer les lieux d’apprentissage suivant le modèle TEACCH, tout en gardant à l’esprit qu’un apprentissage qui n’est pas généralisé n’est pas un apprentissage fonctionnel, donc ne sert à rien.